panne de train...


 Mardi soir dernier, le train dans lequel j'étais montée  s'arrête en gare de Vitry et s'éternise. On nous annonce alors un très long retard, un retard indéterminé: l'orage; la foudre tombée sur un caténaire !!!
Nous avions un controleur très enjoué qui a su donner à la nouvelle une surprenante teinte de ... bonne humeur...
Les gens se sont mis à se parler, à plaisanter... presque la convivialité... j'ai même failli proposer une séance de contes pour meubler le temps...
j'ignorais si je pourrais arriver à destination pour assurer une première séance de marionnettes sur laquelle je travaillais depuis 3 mois...j'étais donc  un peu inquiète.

Pourtant la sensation, trop souvent occultée, d'être si petit devant les éléments naturels donne le sentiment d'une proximité avec l'essentiel.... et cela fait du bien... 
Remis à notre toute petite place, nous sommes vrais et c'est magique, même si on s'y sent tout gauche parce qu'on ne sait pas, parce qu'on a pas imaginé savoir, tout en croyant savoir  nous tenir au milieu des uns et des autres, à la rencontre des uns et des autres.... 
Je suis tout dabord descendue sur le quai pour y faire quelques croquis. Les téléphones mobiles commençaient à accaparer les esprits et le moment d'échange entre voyageurs s'estompait. Quel dommage que cet objet outrepasse son rôle de transmetteur d'informations rapides et urgentes pour aspirer ses utilisateurs et les transformer en îlots isolés au milieu de leurs semblables...


Echapper au présent, au temps mort, à l'entre deux temps ... un train s'arrete et le temps devient miroir du temps, du rien, du nulle part... il faut meubler... 
Ou alors l'habiter! je suis retournée bavarder avec  mon voisin de compartiment, un homme d'un bel âge accompagné d'un sac à dos conséquent. Ce fut l'occasion magnifique de rencontrer une belle expérience de vie, un grand voyageur et marcheur, qui a parcouru le monde un peu en stop et beaucoup à pied Il m'a raconté qu'il avait travaillé toute sa vie à la chaine chez peugeot et qu'il l'avait bien vécu parce qu'il avait la tête dans ses rêves et qu'il préparait constamment ses voyages ! Avec 3 sous en poche, il est allé au bout du monde...
j'ai trouvé cela fabuleux et émerveillant; réussir, à vivre au milieu et avec les autres mais en sachant trouver les portes et utiliser le rêve comme passage et non comme mouroir à illusion... quelle agilité du coeur et de l'âme... 


Un train s'arrete et marque une pause ... entre deux temps sur le rien de nos vies... miroir de l'immensité de nos vies...


Mon voisin de compartiment tient régulièrement ses carnets de voyage, qu'il n'a hélas pas donnés à publier mais il les prète volontiers. Il a écrit, par contre, un livre sous un pseudo sur le monde du travail chez peugeot. je me permet d'en donner référence ici :
"grain de sable sous le capot" de Marcel Durand link
Il partait pour quinze jours de randonnée, tout seul avec son sac à dos... et sa tente à planter ce soir là sous l'orage...
Un beau souffle de vie...

voyage en flou, en attente...entre parenthèses


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